Imagerie de la capsulite de l’épaule

La capsulite de l’épaule est une entité caractérisée cliniquement par l’apparition progressive de douleurs insidieuses, typiquement du côté non-dominant, surtout nocturnes ou au repos, le plus souvent chez des femmes d’âge moyen. Elle peut survenir soit dans un ciel serein, soit de pathologie préexistante (cardiovasculaire, thyroïdienne, diabète) ; elle s’inscrit parfois au décours d’une intervention chirurgicale ou dans le cadre d’une algodystrophie. L’examen physique démontre une limitation mécanique aux mouvements passifs, notamment en élévation antérieure et rotation externe, d’importance variable suivant le stade de la pathologie. Sur le plan histologique, une inflammation chronique de la capsule évolue vers un épaississement capsulaire et une fibrose ; ces modifications entreprennent également les renforcements ligamentaires de la capsule.

Les stades de cette pathologie ont été définis sur base de l’aspect arthroscopique et corrélés à l’évolution clinique. Au stade 1, préadhesif, s’organise une synovite inflammatoire sans adhérences. La clinique est aspécifique, sans limitation des mouvements et avec des douleurs, surtout la nuit. Au stade 2, une synovite adhésive s’installe de même que la limitation des mouvements mais la clinique reste dominée par les douleurs. Au stade 3, de maturation, la fibrose s’installe et remplace la synovite ; la limitation des mouvements domine la présentation clinique, qui est moins douloureuse. Au stade 4, chronique, la fibrose est marquée et la présentation clinique dominée par la limitation fonctionnelle, non douloureuse, sauf si un mouvement est forcé au-delà de l’amplitude limitée. Ensuite, une phase de récupération peut s’installer spontanément, sans qu’elle soit nécessairement complète. La durée d’évolution est longue, de près de 12 mois jusqu’à 3 ans.

Sur le plan de l’imagerie diagnostique, la sémiologie radiographique est le plus souvent normale. Parfois une ostéopénie mouchetée peut être observée, dans le cadre d’une algodystrophie. L’échographie illustre une infiltration hypervascularisée et un épaississement de certains composants capsulaires, orientant vers ce diagnostic, sans permettre une évaluation complète de l’articulation (fig. 1).

Figure 1 : coupes parasagittales de la coiffe démontrant à gauche une infiltration tissulaire hypervascularisée de l’intervalle des rotateurs (flèche blanche), dans le cadre d’une capsulite confirmée en IRM.

L’arthrographie démontre des récessus articulaires irréguliers et une réduction de la capacité articulaire s’aggravant selon le stade d’évolution, (fig. 2); elle accentue souvent transitoirement la symptomatologie douloureuse.

Figure 2a : arthrographie démontrant des récessus un peu irréguliers et d’expansion faiblement réduite dans le cadre d ‘une capsulite au stade précoce (même patiente que figure 1 et 3)

Figure 2b : arthrographie démontrant des récessus sévèrement rétrécis et irréguliers dans le cadre d‘une capsulite au stade de la rétraction capsulaire fibrotique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’IRM (seule ou couplée à l’arthrographie) démontre l’atteinte capsulaire, variable selon le stade clinique, essentiellement inflammatoire à la phase initiale, illustré par le rehaussement capsulo-synovial sous injection de produit de contraste (fig. 3), évoluant vers un aspect d’épaississement fibreux au stade tardif.

Figure 3 : IRM montrant un épaississement inflammatoire de la capsule focalisé au niveau inférieur (ligament gléno-huméral – flèche blanche) et l’infiltration associée de l’intervalle des rotateurs (cercle rouge) contrepartie de celle illustrée par l’échographie (fig. 1) chez la même patiente.

 

L’imagerie a également une place dans la prise en charge thérapeutique ; l’infiltration intra-articulaire sous contrôle arthrographique de dérivés cortisoniques donne d’excellents résultats dans les stades précoces (I et II), plus variables pour les stades plus tardifs ; dans les stades tardifs où la limitation fonctionnelle prédomine, l’infiltration peut être couplée à une distension de l’articulation au cours de l’arthrographie (arthrodilatation). Une physiothérapie additionnelle est recommandée. La chirurgie (capsulotomie sous arthroscopie) est rarement indiquée et réservée au stade tardif de fibrose capsulaire. Si la présentation clinique suffit souvent pour établir le diagnostic dans les stades d’évolution subaigus et chroniques, au stade précoce où les symptômes restent peu spécifiques (« périarthrite scapulo-humérale), il est souvent méconnu ; l’imagerie est alors la plus contributive à la fois sur le plan diagnostique et thérapeutique, les infiltrations étant plus efficaces aux stades initiaux (I et II). L’examen le plus performant pour faire ce bilan est l’IRM, l’échographie étant une alternative parfois plus accessible qui devra être complétée par une IRM si elle n’est pas concluante. Si le diagnostic de capsulite est établi, une infiltration sera proposée. En cas de capsulite rétractile évidente cliniquement (le plus souvent au stade III ou IV), l’imagerie est utile pour rechercher des lésions associées et évaluer la composante inflammatoire résiduelle, tout en associant d’emblée un temps thérapeutique (infiltration + éventuelle arthrodilatation); l’examen le plus adapté dans ce cas est l’arthro-IRM.

Dr Serge SINTZOFF – Clinique La Colline – Imagerive

E-mail : s.sintzoff@imagerive.ch

(Inspiré d’une présentation faite à l’International Skeletal Society – Rome 09/2012 – par C.M. Sofka – Hospital of Special Surgery New York)